mercredi 22 mai 2019

l'arlésienne Mercure, jouet de l'écliptique

Alphonse Daudet (1840/1897) fait-il partie des Terriens qui ont aperçu la planète Mercure au cours de leur vie?
Il a, en tout cas, campé le personnage allégorique de l'arlésienne dont relève la planète la plus discrète des cinq visibles à l’œil nu!

le blog des sixièmes

 Quels sont les critères de la visibilité de ce corps céleste ultra rapide?


Toujours très proche du soleil sur l'écliptique, il faut attraper la planète lorsqu'elle se trouve au voisinage d'une quadrature avec le soleil, juste avant que celui-ci se lève ou juste après son coucher (voir à ce sujet l'article du présent blog en date du 24/04/2017 intitulé "Vous avez dit ÉCLIPTIQUE ?").

La période de la révolution synodique de 116 jours de la planète procure un peu plus de six quadratures chaque année, plus ou moins favorables à la visibilité.

L’observation peut réussir si, à la fois, le soleil est assez profondément sous l'horizon, au moins six degrés, et la planète suffisamment haute sur l'horizon, au moins huit degrés. Cet écart est primordial car autrement la faible magnitude de Mercure fait qu'elle s'efface dans la clarté diffusée par le soleil.

"Le Soleil devait être monté au bord de l'horizon, et avant d'entreprendre sa course, contemplait le monde."
Charles Gos (1885/1949), Près des névés et des glaciers, Le Cervin de Zmutt", 1911.

Il en découle que l'importance de l'angle de l'écliptique sur l'horizon au moment où le soleil se lève ou se couche est le critère déterminant: plus l'écliptique est redressé, plus la différence de hauteur entre les deux astres est grande.

Cet angle I est donné par la formule:

cos(I) = cos(e)sin(lat) - sin(e)cos(lat)sin(TS)

où e est l'excentricité, lat la latitude du lieu d'observation et TS le temps sidéral local.

La rotation de la Terre sur elle-même ne doit plus rien au Soleil, elle a été acquise lors de sa formation et à l'échelle de l'humanité elle reste sensiblement constante.
Le temps sidéral est la variable qui rend compte de cette rotation par rapport aux étoiles: il s'agit en réalité d'un angle que les astronomes comptent en heures et qui revient à 0 après avoir atteint 24, une rotation se faisant en 24 "heures sidérales". Ces heures n'ont rien d'autre en commun avec les heures de nos montres.
En un lieu donné on décompte le temps sidéral comme l'angle, sur l'équateur céleste, entre la direction du sud et celle d'un point particulier de cet équateur. Le choix des astronomes s'est porté sur le point vernal (ou point gamma), là où le Soleil franchit l'équateur céleste à l'instant de l'équinoxe de printemps. Ce jour là, l'ombre de la pointe du style d'un cadran solaire décrit une droite qui donne la direction est/ouest. Le point vernal se trouve aujourd'hui dans la constellation des Poissons à proximité de son étoile oméga qui est de faible grandeur: il n'y a pas d'"étoile vernale" comme il y a une "étoile polaire" . Ce point se décale irrégulièrement vers l'est à la cadence moyenne de 50.291 secondes de degré par an, soit 30 degrés en 2150 ans et un tour complet en 25.800 ans. Ce phénomène appelé précession des équinoxes fait évoluer les coordonnées des étoiles et avait été détecté dès l'Antiquité. Il est engendré, du fait de l'obliquité de l'axe des pôles sur le plan de l'écliptique, par l'attraction dissymétrique de la Lune et du Soleil sur le renflement équatorial de la Terre. Celle-ci réagit comme un gyroscope et la direction polaire décrit en 25.800 ans un cône dont l'axe est perpendiculaire au plan de l'écliptique.

Par définition, en 24 heures sidérales un point de la Terre fait un tour complet par rapport au point vernal et aux étoiles. Mais le tour n'est pas complet par rapport au Soleil puisque la Terre en un jour s'est déplacée sur son orbite: il manque une fraction égale à 1 / 365.25 de 360 degrés soit 0.985626 degré ce qui demande à la Terre un supplément de temps sidéral égal à ( 24 / 360 ) * 0.985626 = 0.065708 h soit 3m56.55s.
La Terre fait annuellement le tour du Soleil en tournant sur elle-même 365.25 fois mais elle ne tourne que 364.25 fois par rapport au point vernal ou aux étoiles. 24 heures de temps "équivalent" donc en temps sidéral à 24h3m56.55s. Le cumul de cet écart au fil des jours rend compte de la progression de la Terre sur son orbite. A Greenwich, en 2019, le temps sidéral à 0h UT est de 11h48m57s le 20 mars, 17h55m37s le 21 juin, 0h6m13s le 23 septembre et 6h1m3s le 22 décembre.
Voir à ce sujet l'article du présent blog en date du 21/01/2015 intitulé "le cadran (solaire) de temps sidéral".

rien de mystérieux dans le temps sidéral


La figure ci-dessous représente l'évolution de l'angle de l'écliptique sur l'horizon en fonction de la latitude du lieu et du temps sidéral.

l'angle de l'écliptique sur l'horizon en fonction de la latitude et du temps sidéral

L'influence de la latitude du lieu sur l'angle de l'écliptique apparait capitale. Aux faibles latitudes l'angle est bien plus important: entre la Belgique et la Mésopotamie l'écart est, en moyenne, du simple au double.
Ceci explique que les astronomes de l'Antiquité n'ont eu aucun problème pour identifier Mercure alors qu'elle reste quasiment invisible pour les habitants des pays nordiques. Sur le cercle polaire, à la latitude de 66.56°, l'écliptique est même confondu avec l'horizon une fois par jour, pour la valeur 18h du temps sidéral (270°).

L'autre paramètre, le temps sidéral, donne une allure sinusoïdale à la variation de l'angle avec le maximum pour 6h (90°) et le minimum pour 18h (270°). Pour un lieu de latitude 50° l'angle varie entre 17 degrés et 63 degrés. Pour une valeur de l'angle inférieure à 25 degrés l'observation visuelle devient très difficile.

La figure ci-dessous représente la sphère céleste pour un lieu et un instant donnés.

équateur en bleu, écliptique en noir

Les cercles de l'équateur et de l'écliptique sont arrimés entre eux au point gamma et à son symétrique. Ils font entre eux un angle de 23.438° dessiné en noir. Au cours de la journée le Soleil décrit l'arc en pointillés jaunes, l'ensemble tourne autour de l'axe polaire et la direction du pôle de l'écliptique décrit le cône dont la base est dessinée en gris. L'angle du temps sidéral est dessiné en gris dans le plan de l'équateur entre le sud et le point gamma et rappelé sur la base du cône. L'écliptique fait avec l'horizon l'angle dessiné en rouge et coupe l'horizon en deux points dont l'azimut A découle de la formule:

tan(A) = (cos(lat)cos(e) + sin(lat)sin(e)sin(TS)) / (sin(e)cos(TS)).

Pour la valeur 90° du temps sidéral les azimuts valent +/-90°, les points de contact sont les points cardinaux est et ouest et l'angle de l'écliptique est maximum à 90 - lat + e degrés, soit ici 67.16°. Pour la valeur 270° les points de contact sont aussi les points est et ouest et l'angle de l'écliptique est alors minimum à 90 - lat - e degrés, soit ici 20.28°. L'écart entre ces deux extrema est égal au double de l’excentricité et ne dépend pas de la latitude.
Le maximum et le minimum de l'azimut d'un point de contact valent arccos(-sin(e) / cos(lat)) et arccos(sin(e) / cos(lat)), soit ici 125.1° et 54.9°. Une équation du second degré donne la valeur du sinus du temps sidéral pour une certaine valeur de l'azimut. Pour les extrema, la racine double vaut:

sin(TS) = - 2 sin(lat)cos(lat) / (tan(e)(TA^2 + sin(lat)^2)),

où TA est la tangente de l'azimut maximum ou minimum, ce qui donne pour la latitude 46.28°: 333.04° (360-26.96) et 206.96° (180+26.96).


l'azimut en fonction du temps sidéral pour des valeurs de la latitude de 0° à 60°


 
trace quotidienne de l'écliptique d'heure en heure



Le tableau de la figure ci-dessous établi pour un lieu de latitude 46.3° et de longitude -7.4° donne pour chaque  jour de l'année 2019, par rapport au soleil, dessiné en jaune en position centrale, les positions des planètes sur l'écliptique en fonction de leurs coordonnées géocentriques. Elles sont présentées pour le 13 avril lors de l'élongation occidentale.
On note bien les six élongations de Mercure alternativement à l'est et à l'ouest.


l'angle de l'écliptique avec l'horizon au moment du lever du Soleil, en vert, et de son coucher, en rouge


La courbe en vert représente l'horizon au moment du lever du soleil le 13 avril, celle en rouge le même horizon au moment de son coucher.
Les segments de droite de chaque coté du soleil, à l'est et à l'ouest, donnent, de trois en trois jours, les amorces de l'horizon au moment du coucher et du lever du Soleil géométrique et indiquent donc les valeurs de l'angle I entre horizon et écliptique.
On constate les plus fortes valeurs, et les plus faibles, pour les périodes entourant les équinoxes car le temps sidéral prend alors des valeurs proches de 90° ou 270°.
Le 19 mars, avec un temps sidéral de 90° au lever, l'angle connait son maximum de 67.2° et le 21 mars, avec un temps sidéral de 270° au lever, l'angle est minimum à 20.3°.
Le 20 septembre le temps sidéral de 270° au coucher conduit à l'angle minimum de 20.3° et le 24 septembre le temps sidéral de 90° au lever aboutit à l'angle maximum de 67.2°.

Sur la partie droite de la figure on retrouve la valeur de l'angle I qui évolue au cours de l'année entre 20.3 et 67.2 degrés.
On constate que l'élongation de mi-avril est très défavorable, comme celle de mi-octobre et que les meilleures interviennent au soir de fin février et aux matins de début août et de fin novembre. L'élongation orientale de fin juin reste dans une moyenne.

La figure ci-dessous montre l'enveloppe des élongations de Mercure sur 24 années de 2000 à 2023.


les quatre belles élongations de Mercure en 2019 et l'enveloppe des élongations sur 24 années

Les élongations restent au fil des ans à l'intérieur d'une sorte de canal qui ondule légèrement et en sen inverse de l'évolution des valeurs de l'angle de l'écliptique. Il en résulte que les élongations les plus fortes se produisent lors des valeurs défavorables de cet angle! Cet esprit de contradiction, passager, est le fruit des évolutions de longue période des paramètres de l'orbite de Mercure...
En effet les paramètres propres de l'orbite entrent aussi en jeu pour caractériser les élongations.
Cette orbite présente une inclinaison, 7°, et une excentricité, 0.206, bien supérieures à celles des autres planètes.


la forte excentricité de l'orbite de Mercure

Les plus fortes élongations se produisent lorsque la quadrature intervient au moment du passage de la planète à l'aphélie et si la Terre se trouve alors proche de sa position au 5 avril ou au 13 août.
Le maximum de l'élongation atteint alors 27.8°. La quadrature au périhélie conduit à une valeur de 18° seulement lors du 18 février ou du 28 septembre.
Ces caractéristiques expliquent l'ondulation du canal contenant les élongations mis en évidence plus haut.

L'inclinaison de l'orbite a aussi une influence sur la qualité des élongations.


la forte inclinaison de l'orbite de Mercure

Le périhélie de l'orbite présentant une latitude héliocentrique positive, la planète passe moins de temps au dessus de l'écliptique qu'au dessous. Pendant une révolution de 88 jours, 38 jours seulement (44%) se passent avec une latitude positive.
Il découle de la forte inclinaison que la latitude géocentrique de Mercure, dépendante de la position relative des deux astres, Terre et Mercure, présente au cours de l'année quatre minima s'étageant de -5° à -2.1° et quatre maxima de 3.6° à 1.8°
Or, une latitude géocentrique positive de la planète favorise sensiblement son observation. Par contre une latitude de -5° la pénalise fortement.

l'enveloppe des variations de la latitude géocentrique de Mercure sur 24 années


Les mois de décembre à mai sont ainsi privilégiés pour une observation optimale. Suivant le critère de la latitude géocentrique, l'élongation de fin novembre 2019 est favorisée, les trois autres sont moyennes.

Ci-dessous le détail des six élongations de Mercure en 2019


fin FÉVRIER, un angle très important et une latitude positive: excellente visibilité


mi-AVRIL, faible angle et latitude négative: Mercure invisible



mi-JUIN, faible angle et latitude positive: belle apparition de Mercure et rapprochement avec Mars


mi-AOÛT, bon angle défavorisé par une latitude négative: Mercure bien visible


mi-OCTOBRE, faible angle, latitude fortement négative: Mercure invisible



fin NOVEMBRE, bon angle et forte latitude positive: la plus belle apparition de Mercure, encore au voisinage de Mars


Une bonne façon de voir Mercure en 2019, mais en négatif, est d'observer le Soleil avec un filtre adéquat, au cours du passage de la planète sur le disque du Soleil, dans l’après-midi du 11 novembre (voir à ce sujet l'article du présent blog en date du 29/01/2019 intitulé : "année 2019: passage de Mercure...").

La figure ci-dessous donne les informations concernant la visibilité de Mercure pour 2020.
En 2020 apparitions de Mercure les soirs de mi-févier et de fin mai, et les matins de fin juillet et de mi-novembre
Le 12 février au soir, Mercure culmine à presque 11° grâce à un angle écliptique record de 63°. Le 30 mai au soir la culmination s'établit à un peu plus de 11°.
Le 27 juillet au matin Mercure atteint 8° malgré une latitude négative. L'apparition du 10 novembre au matin reste la meilleure à 11.5° en raison d'un bon angle de 51° et d'une latitude élevée de 2.3°.
Les quadratures du 14 mars et du 23 septembre sont stériles.

Le tableau ci-dessus montre encore qu'une conjonction serrée de Jupiter et Saturne se produit à la fin du mois de décembre 2020. Elle fait suite à celle de fin mai 2000, au bout de 20,6 ans, ce qui correspond  donc à la révolution synodique des trois planètes. La révolution synodique des deux planètes Jupiter et Saturne commencée, elle, à la mi-juin 2000 s’achèvera début novembre 2020 et aura donc pris 20,4 ans...alors que sa moyenne s'établit à 19.9 années!


le caducée des messagers


le vif argent devient "mercure" au Siècle des Lumières







mardi 29 janvier 2019

année 2019: passage de mercure sur le soleil et autres pépites

Comme en 2016, Mercure, la plus discrète des planètes, se distingue en 2019
et passe devant le Soleil le 11 novembre,

Vénus pendant l'été se trouve près du Soleil à l'opposé de la Terre,

Mars reste loin de la Terre mais "rencontre" Mercure en juin,

Jupiter et Saturne sont proches l'une de l'autre, le matin jusqu'à l’été puis le soir.

Le Soleil a rendez-vous avec la Lune à proximité des nœuds de l'orbite lunaire en janvier, juillet et décembre,
l'année compte trois éclipses de Soleil et deux de Lune (en 2020 il y aura deux éclipses de Soleil mais pas d'éclipse de Lune par l'ombre).



le Passage de MERCURE


la danse de Mercure autour du soleil en 2019
le passage vu depuis le centre de la Terre de dix minutes en dix minutes
On peut noter la forte inclinaison de l'orbite de Mercure: 7°

Mercure comme il apparait au fur et à mesure de la marche du soleil

Un passage (ou transit) n'est rien d'autre qu'une éclipse de soleil, très partielle bien sûr! Il ne se produit évidemment qu'à l'occasion de la rencontre du soleil, de la planète et d'un nœud de l'orbite de celle-ci. A la différence de ceux de la Lune, les nœuds des orbites de Mercure et de Vénus se déplacent très lentement. Les dates des passages varient donc très peu. Pour Mercure la planète passe à son nœud ascendant le 11 novembre et à son nœud descendant le 9 mai. On constate qu'il se produit en moyenne 14 passages par siècle et que ceux-ci sont deux fois plus nombreux au nœud ascendant le 11 novembre qu'au nœud descendant le 9 mai, suivant un rythme irrégulier. Pour le début du XXIe siècle: 7 mai 2003, 8 novembre 2006, 9 mai 2016, 11 novembre 2019, 13 novembre 2032, 7 novembre 2039...

visibilité: sur la ligne rouge le passage de Mercure commence, sur la ligne bleue il se termine
La figure ci-dessus montre en jaune la partie éclairée de la Terre au moment où Mercure est au plus près du centre du Soleil.
Le passage du 11 novembre ne sera vu complètement qu'à la pointe de l'Afrique de l'ouest, en Amérique du sud et centrale et à l'est de l'Amérique du nord.
Le prochain passage aura lieu dans treize ans le 13 novembre 1932 dans la matinée et sera donc visible en Europe et en Afrique.


les PLANÈTES


le chemin des planètes en 2019

Vénus, magnifique étoile du berger le matin en compagnie de Jupiter et Saturne aux mois de janvier, février et mars se cantonne par la suite de l'autre coté du Soleil jusqu'au mois de novembre où elle devient une belle étoile du soir et retrouve Jupiter et Saturne.
Elle ne montre pas ses "cornes" cette année. En 2020 par contre, lorsqu'elle se rapprochera de la Terre, on pourra voir dans un petit instrument les phases d'une "deuxième lune" dans le ciel.

Vénus en 2019, de 7 jours en 7 jours

Vénus en 2020 avec ses cornes d'avril (le soir) à septembre (le matin)

La conjonction supérieure de la planète se produit le 14 août 2019 date qui est le 226ème jour de l'année. Cette durée coïncidant à un jour près avec la révolution sidérale de la planète (225 jours), Vénus occupe donc presque exactement le 1er janvier la même position que le 14 août, jour de la conjonction.

2019 n'est pas une bonne année pour Mars qui reste loin de la Terre.

L'opposition de Jupiter a lieu le 10 juin et celle de Saturne un mois plus tard le 9 juillet: les observations sont à prévoir au milieu de la nuit pendant l'été mais les deux planètes seront plutôt basses sur l'horizon car elles voisinent avec le solstice d'hiver. Cette circonstance favorise les habitants de l'hémisphère sud qui les verront très hautes.

La figure ci-dessous montre, jour après jour, la position évolutive des planètes et de la Lune le long de l'écliptique par rapport au Soleil, celui-ci occupant l'axe central. Il s'agit de coordonnées écliptiques. La moitié invisible du ciel est quadrillée.
18 juin 2019 22h00, rapprochement Mercure-Mars

Les pointillés blancs donnent la position de la Lune jour après jour. Pour les planètes la fréquence est de trois jours en trois jours. On peut constater la variation de l'espacement des positions de Mercure suivant la vitesse apparente de la planète selon qu'elle est proche de la conjonction supérieure (30/01, 21/05, 4/09) ou inférieure (15/03, 21/07, 11/11).
Les pointillés rouges en maigre retracent les positions des nœuds de l'orbite lunaire, les pointillés noirs en maigre celles des solstices d'hiver et d'été.
On constate que Jupiter et Saturne restent proches du solstice d'hiver et s'élèvent donc peu dans les ciels de l'hémisphère nord.
Et, comme elles ne s’éloignent pas du nœud descendant, elles font partie du paysage des éclipses de Soleil de janvier et décembre et de l'éclipse de Lune de juillet.

Pendant le mois de juin, le soir, Mercure et Mars se livrent à un chassé-croisé:

Le 18 juin Mercure et Mars se "frôlent" à 0.23 degré.

A partir du 6 juin chaque soir la planète Mercure monte à la rencontre de Mars qui descend vers elle. Mercure, de magnitude +0.2, inférieure à celle de Mars +2, est à surveiller vers l'azimut 110°/120°, soit à l'ouest-nord-ouest. La pleine lune sera gênante avant le 17 juin.


la RECHERCHE de MERCURE


Comme habituel, Mercure se montre pendant plusieurs jours quatre fois dans l'année:
d'abord le soir autour du 27 février et du 17 juin,
 puis le matin autour du 13 août et du 27 novembre.


27 février 18h43

17 juin 22h03 rapprochement avec Mars, Castor et Pollux dominent la scène
13 août 5h46, Castor et Pollux sont encore présents
25 novembre 7h05 rapprochement avec une très vieille lune


les ÉCLIPSES en 2019

Comme chaque année, le Soleil rencontre à un peu plus de 173 jours d'intervalle les nœuds de l'orbite lunaire. Le calcul, et le tableau de l'écliptique de la figure plus haut, montrent que le Soleil, en 2019, se trouve le 16 janvier au nœud descendant de l'orbite lunaire, le 9 juillet au nœud ascendant et le 30 décembre de nouveau au nœud descendant. A ces dates, l'ombre de la Terre se trouve à l'autre nœud. Les éclipses se produiront donc pendant chaque période de 35 jours centrées sur ces dates, aux moments de la nouvelle lune pour les éclipses de Soleil (6 janvier, 2 juillet et 26 décembre) et de la pleine lune (21 janvier et 16 juillet) pour les éclipses de Lune.

Il y a donc une éclipse du Soleil le 6 janvier avant son passage au nœud descendant suivie, quinze jours plus tard, d'une éclipse de Lune le 21 janvier après le passage de l'ombre de la Terre au nœud ascendant.
Puis une éclipse du Soleil le 2 juillet avant son passage au nœud ascendant suivie, quinze jours plus tard, d'une éclipse de Lune le 16 juillet après le passage de l'ombre au nœud descendant.
Enfin une éclipse du Soleil le 26 décembre avant son passage au nœud descendant (l'éclipse de Lune correspondante se produira quinze jours plus tard le 10 janvier 2020 mais ne sera qu'une éclipse par la pénombre).

L'éclipse de Soleil du 6 janvier avant le nœud descendant est la première d'une fratrie, série courte de 4, descendante du nord au sud: elle concerne donc l'extrême hémisphère nord et l'Asie. Le Soleil vient de passer au périgée, son diamètre est donc maximum à 32.5'. La lune se trouve presque à son apogée, son diamètre est minimum, 29.7': l'éclipse n'est que partielle car le cône d'ombre de la Lune passe au dessus de la Terre.
La très belle éclipse totale de la Lune du 21 janvier est visible en Europe avant son coucher. C'est un numéro 3.
Ces deux éclipses ont été décrites dans l'article du présent blog en date du 01/05/2019 intitulé "l'éclipse de Lune du 21 janvier 2019".

L'éclipse de Soleil du 2 juillet avant le nœud ascendant est le numéro 2 de la série ascendante du sud au nord commencée le 13 juillet 2018 avec le chevauchement de l'été 2018, anomalie qui sera réparée à l'été 2020 (voir à ce sujet l'article du présent blog en date du 10/07/2018 intitulé "les trois éclipses de l'été 2018" et celui en date du 11/02/2015 intitulé "le subtil mécanisme des éclipses de Soleil en séries"). Elle concerne l'hémisphère sud et sera visible au Chili et en Argentine. 
Le Soleil passera à l'apogée deux jours plus tard, son diamètre est minimal à 31.5' et la Lune n'est pas loin de son périgée avec un diamètre presque maximal de 32.5': l'éclipse est totale.

2 juillet 2019, géométrie de l'éclipse vue du Soleil


2 juillet 2019 19h21 TU


 
2 juillet 2019, la fin de l'éclipse totale est visible au Chili et en Argentine


L'éclipse de Lune qui suit est un numéro 3. C'est une forte éclipse partielle visible en Europe après le lever. Il faut en profiter car la prochaine éclipse par l'ombre est annoncée pour fin mai 2021, elle sera totale et concernera les observateurs riverains du Pacifique seulement!
  
16 juillet 2019, éclipse partielle de Lune, maximum à 23h31 CEST


visibilité: sur la ligne rouge la lune commence à être éclipsée, sur la ligne bleue c'est la fin de l'éclipse
 L'éclipse n'est pas visible en Amérique du nord ni en Asie du nord est.

L'éclipse de Soleil du 26 décembre appartient à la série inaugurée le 6 janvier de l'année: c'est le numéro 2. Elle concerne donc l'hémisphère nord dans une partie plus méridionale, de l'Arabie à Bornéo. Le Soleil qui s'approche du périgée a un fort diamètre de 32.5' plus important que celui de la Lune, 31.1': l'éclipse est annulaire.


26 décembre 2019, géométrie de l'éclipse vue du Soleil


 
26 décembre 2019 5h14 TU


26 décembre 2019, de l'Arabie à Bornéo

26 décembre 2019 éclipse annulaire



Ruines du temple de Mercure au sommet du Puy de Dôme (François Grodwohl janvier 2016)

samedi 5 janvier 2019

l'éclipse de Lune du 21 janvier 2019

Une éclipse se produit lorsque les centres du Soleil, de la Terre et de la Lune sont presque exactement alignés.La Lune mène le bal. Quand elle s'interpose entre Terre et Soleil, lors de certaines nouvelles lunes celui-ci peut être caché pour une partie des territoires, c'est une éclipse de Soleil. Et quand la Terre s'interpose entre Soleil et Lune, lors de certaines pleines lunes la Lune ne reçoit presque plus de lumière et perd de son éclat, c'est une éclipse de Lune.



Le plan de l'orbite de la Lune n'est pas le plan de l’équateur terrestre, comme c'est le cas pour les satellites des autres planètes du système solaire. Il fait un angle variable entre 5 ° et 5.3 °, avec le plan de l'écliptique dans lequel évoluent, par définition, le Soleil et le Terre.
L'alignement des trois astres ne peut donc se produire qu'à un instant proche du moment où la Lune traverse l'écliptique, à l'un des points où, vues depuis la Terre, les orbites se croisent.  Ces points ont reçu le nom de nœuds, ascendant ou descendant suivant que la Lune, après être passée en ces points, se trouve au dessus ou en dessous  de l'écliptique. On les nomme aussi dragons car, dans l'imaginaire ancien, ils dévorent à intervalle plus ou moins régulier soit le Soleil, soit la Lune.
Ils sont animés d'un mouvement de révolution en sens rétrograde et font un tour en 346.62 jours, soit 1.0386 ° par jour, et rencontrent à tour de rôle le Soleil tous les 173.31 jours soit un peu plus que deux fois par an.
Mais pour qu'il y ait éclipse l'alignement rigoureux des centres des astres n'est pas requis: il suffit que le diamètre apparent de l'un empiète sur celui de l'autre, ce qui est assez fréquent en raison de la modicité de l'inclinaison de l'orbite lunaire.
Il suffit ainsi que l'écart de longitude entre l'astre et un nœud soit inférieur en valeur absolue à 15.67° pour qu'il y ait, à coup sûr, éclipse. Or en une demi-lunaison le Soleil (ou l'ombre de la Terre) progresse par rapport au noeud de 1.0386 * 29.53 / 2 degrés soit 15.33°, ce qui est inférieur à l'écart précité de 15.67°. C'est dire qu'après une éclipse il s'en produit toujours une seconde à l'autre nœud quinze jours après. La première éclipse se produit avant le franchissement du nœud par le Soleil et la seconde après ce franchissement. Les éclipses procèdent donc par couple, l'une solaire, l'autre lunaire.
Les chiffres cités tolèrent une certaine variation et parfois il arrive que ce couple doive accueillir une troisième éclipse dans l'intervalle d'un mois. C'est ce qui s'est passé lors de l'été 2018 (voir à ce sujet l'article du présent blog intitulé "les trois éclipses de l'été 2018" en date du 10/07/2018).
La condition primordiale d'éclipse résulte du rythme des lunaisons. Douze lunaisons s'étendant sur 354.36 jours soit 11 jours de moins que l'année, les éclipses se décalent de 11 jours à rebours d'une année sur l'autre. Et la révolution des nœuds qui compte 19 jours de moins que l'année (365.25 - 346.62) introduit une variation des caractéristiques des éclipses.
Cependant il existe une période comptant 223 lunaisons , soit 6585.32 jours, le saros, connue des astronomes grecs, au bout de laquelle les éclipses se reproduisent avec des caractères très voisins. En effet il se trouve que 19 révolutions des nœuds de 346.62 jours comptent 6585.78 jours. De plus la période qui ramène la Lune à un nœud, le mois draconitique, vaut 27.2122 jours et 242 mois draconitiques comptent 6585.36 jours. Enfin la période qui ramène la Lune à son périgée (qui commande sa longitude), le mois anomalistique, vaut 27.5546 jours et 239 mois anomalistiques comptent 6585.53 jours. Ainsi le saros est, à une fraction de jour près, un multiple des éléments déterminant les éclipses.


Le 31 décembre 2018 le Soleil s'est approché à moins de 17 degrés du nœud descendant de l'orbite lunaire. La rencontre aura lieu le 16 janvier 2019. La Lune ne va pas le laisser franchir la zone qui s'étend sur près de 17° de part et d'autre de son "dragon" sans l'éclipser. Cela se produira le 6 janvier 2019 à l'occasion de la nouvelle Lune qui aura lieu à 2h29 CET, dix jours avant le rendez-vous entre Soleil et dragon.

Au moment de l'éclipse la Lune se situera au dessus de l'écliptique avec une latitude positive de 1.042 ° et l'éclipse concernera l'hémisphère nord de la Terre. Le maximum se produira à 2h41 CET , l'éclipse sera visible en Asie, de Shanghai au détroit de Béring.
Trois jours plus tard, le 9 janvier, la Lune passera à l'apogée. Le 6 janvier, sa distance à la Terre sera déjà trop importante pour que le cône d'ombre atteigne la Terre: il s'agira d'une éclipse partielle.

Cette éclipse de Soleil est la tête d'une fratrie de quatre éclipses successives se produisant au nœud descendant, les suivantes ayant lieu les 26/12/2019, 14/12/2020 et 4/12/2021 (voir à ce sujet l'article du présent blog en date du 11/02/2015 intitulé "le subtil mécanisme des éclipses de Soleil en séries").


éclipse de Soleil du 6 janvier 2019: l'axe du cône d'ombre passe au dessus du pôle nord

le cône d'ombre est trop court: pas d'éclipse totale

carte de l'éclipse de soleil du 6 janvier 2019


Le Soleil, éclipsé le 6 janvier, prend sa revanche le 21 janvier avec une éclipse totale de lune visible en Europe en fin de nuit, à partir de 4h30 CET du matin!

L'ombre de la Terre enveloppera la pleine lune qui se produit à 6h17. La très faible valeur de la latitude de la Lune, 0.385 °, donnera une forte éclipse totale de Lune. De plus la Terre étant proche du périhélie qui se produit le 3 janvier et la Lune proche du périgée qu'elle atteint le jour même de la pleine lune, un peu plus tard, le diamètre de l'ombre au niveau de la Lune est voisin de son maximum.

la géométrie de l’éclipse de Lune du 21 janvier 2019
La Lune est proche de son périgée et la Terre proche de son périhélie.


Déroulement de l'éclipse de LUNE pour un lieu de longitude 7 ° est et de latitude 46 ° nord

La ligne rouge représente l'écliptique.

l'éclipse par l’ombre a commencé
4h34 CET en Europe. La Lune est à l'ouest, à l'azimut 83 ° depuis le sud, et à 35 ° de hauteur. Le contraste entre partie éclairée et partie assombrie va s'affirmer.


la totalité de la Lune est gagnée par l'ombre
5h41, la Lune est à 94 ° ouest et à 24 ° de hauteur


c'est le maximum de l'éclipse
 6h12, la Lune est à 99 ° ouest et à 19 ° de hauteur, elle présente une couleur rougeâtre.


la lune commence à se dégager

6h43, fin de la totalité. La Lune qui n'est qu'à 13 ° de hauteur, à l'azimut 105 °, va de nouveau briller avec éclat.

l'éclipse va se terminer
A 7h51 l'éclipse se termine alors que la Lune va se coucher à l'azimut 115 °

un spectacle exceptionnel ici représenté pour un lieu de longitude 7° est et de latitude 46° nord

l'éclipse est visible en Europe, en Afrique de l'ouest et aux Amériques

 
éclipse du 27 juillet 2018 (publié par Le Parisien)


Prochain rendez-vous avec la Lune éclipsée totalement par l'ombre de la Terre et visible en Europe le 31 décembre 2028 à 18h..


 le 21 janvier est l'anniversaire de l'évènement majeur de l'histoire de France que fut la décapitation du roi Louis XVI