lundi 30 mars 2015

le ballet des planètes version 2015

Sous la houlette de vénus les astres errants s'en donnent à cœur joie en 2015.
Une approche est contenue dans l'article daté 14/08/2014 et des explications des figures dans celui daté 05/05/2014.

Mercure, après son spectaculaire rapprochement d'avec vénus, intervenu au soir du 13 janvier, nous réserve encore ses soirées de fin avril-début mai ainsi que ses petits levers de fin juin-début juillet et surtout de mi octobre. On pourra en profiter pour l'apercevoir. La planète fêtera le nouvel an 2016 assez haut dans le ciel du soir, quarante minutes après le coucher du soleil, à 7.5°. Elle sera la seule planète visible.

Vénus qui monte dans le ciel du soir, a croisé mars le 20 février en compagnie du croissant de lune et du point gamma: belle et éclectique réunion!

20 février, dans le collimateur: à la fois, la lune, vénus, mars et le point gamma

Les 5 et 6 mai dans le ciel du soir mercure et vénus sont au plus haut l'un et l'autre, à 12.8° pour mercure et à 30° pour vénus, une demi heure après le coucher du soleil. Cette concomitance n'est due qu'au hasard. Mars est bas sur l'horizon, jupiter brille de tous ses feux.

6 mai le soir, premier rassemblement général (saturne et lune manquent)

Durant le premier semestre vénus reste très haute et se rapproche le premier juillet de jupiter en compagnie duquel elle fait alors un bout de chemin. En perspective seulement car jupiter est alors 12 fois plus loin de la terre que vénus. Leurs diamètres apparents sont alors équivalents car jupiter est environ 12 fois plus gros que vénus. Vénus est proche de son premier quartier.
Le premier juillet un petit instrument permettra de les surprendre ensemble à midi local.

1er juillet vénus et jupiter passent ensemble au méridien

A la mi-août vénus et jupiter traversent le soleil pour retrouver mars: d'astres du soir elles deviennent astres du matin. Au passage vénus a connu le statut de "nouvelle vénus" à l'imitation de la lune et elle est passée au plus près de la terre à 43 millions de km. Les trois stars, astres du matin en octobre, forment visuellement un trio serré.

Le 10 octobre la lune se joint à eux.
Le 16, mercure et vénus sont à nouveau à leur plus haut ensemble, à 11.2° pour mercure et à 35° pour vénus, une demi heure avant le lever du soleil.


10 octobre au matin, deuxième rassemblement général (sauf saturne)

A la fin d'octobre la conjonction vénus/mars/jupiter est très serrée, c'est la troisième en quatre mois entre vénus et jupiter. Vénus vient de passer à son dernier quartier.


26 octobre vénus et jupiter passent à nouveau ensemble au méridien

Le trio se sépare ensuite car vénus a rendez-vous avec saturne le 9 janvier 2016 au matin, après 14 mois de séparation...

dimanche 15 mars 2015

les phases de la lune en mars / avril 2015

5 mars 2015 18h05 UTC, pleine lune le jour du passage à l'apogée à 406.000 km
13 mars 17h48, dernier quartier, la lune à 382.000 km
20 mars, 9h36, nouvelle lune et ÉCLIPSE de soleil, la lune est à 358.800 km

La lune est passé la veille à son périgée et cela s'est produit à une distance proche du minimum absolu. Il en résulte que le diamètre apparent de la lune, 33,3', excède largement celui du soleil, 32,1', et que l'éclipse est totale si elle est observée depuis l'atlantique nord.

27 mars 7h43, premier quartier
4 avril 12h06, nouvelle lune, l'ombre de la terre éclipse la lune
Les phénomènes de libration modifient sensiblement l'aspect des cirques situés près du limbe comme Grimaldi, Pythagore ou Bailly.

jeudi 12 mars 2015

lune et sélénites

Astre de taille moyenne, tiraillé entre terre et soleil, la lune subit de la part de ce dernier une attraction supérieure au double de celle provenant de la terre et il en découle que sa trajectoire est toujours concave en direction du soleil. Aux environs de la pleine lune cette trajectoire est sensiblement un cercle de rayon voisin des 3/4 de la distance terre-soleil et aux environs de la nouvelle lune ce cercle atteint un rayon de 2,3 fois cette distance.

terre et lune lors d'une lunaison

Au dernier quartier la lune précède la terre au voisinage de l'écliptique et celle-ci qui voyage à la vitesse moyenne de 107.000 km/h va mettre 3h35 pour atteindre, à 384.400 km de là en moyenne, le point où se trouvait la lune. Sur son orbite autour de la terre la lune tourne à la vitesse de 3.700 km/h: il lui faut 27.32 jours pour en faire le tour et 29.53 jours pour retrouver la même position relative par rapport à la terre et au soleil.
La durée de la lunaison peut varier de 1%, soit 7 heures, autour de la valeur de 29.53 jours. Par contre, au bout de 12 lunaisons la variation globale ne dépasse pas une heure ce qui donne leur régularité aux calendriers lunaires. En fonction de la date du passage au périgée, deux demi-lunaisons successives peuvent présenter un écart entre elles de 40 heures soit 7%.

Le soleil remonte le ciel étoilé, d'ouest en est, de 0.986° par jour (360°/365.25) et la lune en moyenne de 12.6° par jour ce qui correspond à une valeur égale en une heure à son diamètre apparent de 0.5°. En un lieu donné la lune passe au méridien avec une avance de 50,5 minutes chaque jour. Une conséquence de ce mouvement rapide est qu'au cours d'une lunaison il n'y a pas de lever de lune lors du dernier quartier, car la lune s'est levée la veille peu avant minuit et se lèvera à nouveau 24h50 plus tard soit le lendemain. De la même façon, pas de coucher lors du premier quartier!
Autre conséquence de cette avance: le rythme de 12h55 pour les marées océaniques.

 
le 8 lever de la lune à 23h55

 
le 9 coucher de la lune à 12h19

 
le 10 lever de la lune à 0h43


Les rotations réciproques de la lune et de la terre ont pour effet que s'exercent des forces de gravitation périodiques sur leurs couches externes. Sur la lune ces forces ont abouti à bloquer la rotation par rapport à la terre: la lune la regarde fixement. Sur la terre l'effet est bien plus faible: écorce terrestre et niveau d'eau en pleine mer s'élèvent d'environ un mètre au passage de la lune (sur certaines côtes découpées et peu profondes le marnage peut atteindre 20 mètres). L'énergie ainsi dissipée lors du déplacement de masses considérables entraîne d'une part le ralentissement de la rotation terrestre (la durée du jour  augmente de 2 millisecondes par siècle) et d'autre part la fuite de la lune au rythme de 3.8 cm par an.

Le rapport des masses entre la lune et la terre est de 1/81 et le barycentre se trouve à 4.600 km du centre de la terre dans le plan de l'orbite de la lune et se déplace à l'intérieur de la terre. Le point neutre où les attractions de la lune et de la terre se neutralisent est situé depuis le centre de la terre à 9/10 de la distance terre-lune 

apogée et périgée de la lune (proportions respectées)

Les perturbations de l'orbite lunaire infligées par le soleil sont considérables. La distance terre-lune au périgée varie de 356.400 km à 370.400 km ce qui correspond à des excentricités de 0.073 et 0.037, presque la moitié! La variation de la distance à l'apogée est moindre: de 404.000 km à 406.700 km, ce qui correspond à des excentricités de 0.051 et 0.058. La vitesse angulaire de la lune au plus petit périgée dépasse de 30% celle au plus grand apogée. Le deuxième foyer de l'orbite est situé à une distance du centre de la terre qui varie de 28.000 km à 56.000 km (même ordre de grandeur que la distance du satellite géostationnaire).  
En simplifiant, l'orbite lunaire est une ellipse dont la distance apogée est presque constante à 405.000 km et dont la distance périgée se rétracte et se dilate de 7.000 km au rythme de 206 jours autour de la valeur moyenne de 363.000 km.


Devenons maintenant des sélénites en embarquant le 6 novembre 1967 sur la sonde lunaire américaine Surveyor 6...

L'alunissage en douceur se fait le 10 à très peu de distance du centre du disque lunaire, dans le golfe central (sinus medii), près des restes de Surveyor 4 qui s'y est écrasé quatre mois auparavant. A proximité se trouve le craterlet de 3 km de diamètre baptisé "oppolzer" en hommage au grand astronome et mathématicien autrichien du 19ème siècle qui a établi, avec les moyens rudimentaires de l'époque, un canon d'éclipses s'étendant de -1207 à 2161 et détaillant 13.200 éclipses.

le site d'alunissage de surveyor 6 au centre du disque (Legrand Chevalley)
 
Surveyor 6 photographié en 2010 au soleil couchant par l'orbiteur LRO

 
Surveyor 3, identique à Surveyor 6, visité en 1969 par P. Conrad d'Apollo 12


Et réveillons nous en mars 2015...

Le ciel est noir en permanence et les étoiles ne scintillent pas. La terre, toujours proche du zénith pour notre position centrale, est quatre fois plus grosse que le soleil.
Le soleil se lève à l'est lors du dernier quartier de terre, il avance d'un demi degré par heure, passe, 7 ou 8 jours après son lever, à midi, au "méridien" près de la nouvelle terre (qui est aussi la pleine lune des terriens) et se couche 7 à 8 jours plus tard à l'ouest au premier quartier de terre. Une journée lunaire dure un peu moins de 30 jours terrestres pendant lesquels les sélénites du golfe central voient la terre se balancer autour du zénith, leurs télescopes leur permettant de suivre l’alternance des jours et des nuits terrestres sur les continents et océans qui défilent trente fois.
La nuit lunaire reste lumineuse car éclairée par la terre dont l'albédo est le triple de celui de la lune. A la pleine terre, la surface du disque terrestre valant 13 fois celle du disque lunaire vu par les terriens, la lumière reçue par les sélénites est 40 fois plus forte. Au voisinage de la nouvelle terre se produit le phénomène de la lumière cendrée 4 fois plus intense que sur la terre.


La lune n'est pas la fille directe de la terre et elle a son quant à soi. Si la masse très supérieure de la terre la force à toujours la regarder de face, le plan de son orbite n'est pas confondu avec celui de la terre et son axe de rotation sur elle-même n'est perpendiculaire ni à son orbite ni à celui de la terre. Vue de la lune, la terre subit donc un léger déplacement nord/sud fonction de la position par rapport aux nœuds (la latitude). Le soleil aussi se déplace, comme sur la terre, mais ce phénomène des saisons n'a qu'une amplitude de 1,52° (23,4° sur la terre). Par ailleurs la loi des aires appliquée à la lune fait varier la vitesse, il se produit donc pour la terre un second déplacement est/ouest fonction de la position par rapport au périgée. Ces phénomènes sont appelés librations (libra : balance), ils permettent aux terriens d'observer environ 60% de la surface de la lune.

Les figures ci-dessous rendent compte de ce que voient les sélénites qui ont colonisé les abords de Surveyor 6,  pendant la lunaison qui commence le 27 mars 2015 et se termine le 25 avril 2015.
 
27 mars 2015 7h43, dernier quartier de la terre, le soleil se lève
 La face bleue de la terre est celle éclairée par le soleil. La ligne bleue est la trajectoire que va suivre la terre dans le ciel lunaire pendant la lunaison. La ligne en pointillé rouge est celle du soleil, l'espacement des points correspondant à une progression d'une heure.
2 avril 8h, la terre passe au méridien, très proche de l'apogée
4 avril 9h43, l'éclipse de soleil par la terre commence

Le 4 avril 2015 se produit pour les terriens une éclipse de lune. Elle correspond pour les sélénites à une éclipse de soleil. La nouvelle terre aura lieu à 12h06.

4 avril 14h21, l'éclipse de soleil prend fin
12 avril 3h44, premier quartier de la terre, le soleil se couche

17 avril 0h, la terre gibeuse passe au méridien, très proche du périgée
 
18 avril 18h57 c'est la pleine terre

25 avril 23h55, une nouvelle journée commence sur la lune

Cette journée lunaire aura duré 29.67 jours terrestres, 15 j et 20h pour le jour et 13 j et 20h pour la nuit.

24 avril 1967, éclipse du soleil par la terre, photographiée par Surveyor 3

Les figures ci-dessous représentent les trajectoires des centres de la terre et du soleil pendant un semestre. En bleu celles de la terre pour six journées lunaires et en rouge celles du soleil pour les 12 journées lunaires avec, pour chacune la date de midi.
L'espacement des points correspond à 6 heures pour la terre et à une heure pour le soleil.

01/01/2015 et premier semestre 2015
deuxième semestre et 31/12/2015
On a pu dire (Danjon) que ces courbes ont des points communs avec les courbes de Lissajous...

La libration en longitude dépend de la position du périgée. Il y a donc une corrélation avec la distance terre-lune.

valeur de la libration en longitude et distance terre-lune

Cette figure, où les proportions sont conservées, montre la courbe décrite par le centre de la terre par rapport à la lune, vue de l'infini en direction du pôle de la lune (cette courbe ne se déforme que très peu d'une année à l'autre).
La figure met bien en évidence la faible amplitude de la variation des valeurs des apogées et celle bien plus importante des périgées (5 fois plus). 
On constate que le centre de la terre ne pénètre pas dans une sorte d'ellipsoïde intérieur.
En 2015 le périgée minimum est obtenu le 28/09 et l'apogée maximum le 11/10.
La libration en latitude, liée à la position du nœud animé d'une révolution de période 27,21 jours, connait un rythme triennal puisque 40 révolutions draconitiques prennent 1088.49 jours, soit 3 années moins 7 jours seulement.

Le saisissant balancement de la lune peut être simulé par les terriens sur l'extraordinaire site "atlas virtuel de la lune" construit par Christian Legrand et Patrick Chevalley.

A quand l'organisation de séjours touristiques d'un mois pour profiter de ces spectacles?